Ca c'est fait !...
Voilà ! UN gros morceau avalé en guise d'entraînement pour ce qui nous attend dans une quinzaine de jours maintenant. Comme prévu, départ 2h du matin de Calais. Quelques noctambules de retour de boite s'étonnent de voir des cyclistes à cette heure là dans les rues ! Lumières avant et arrière en marche, gilet jaune réglementaire revêtu, la pluie est absente et la route asséchée par un vent assez soutenu qui nous propulsera à l'aller vers Lille. Autant dire que le retour s'annonce d'ores et déjà délicat !
Sortie de la ville nos éclairages s'avèrent assez efficaces mais il faut être vigilant tout de même. Un obstacle arrive très rapidement dans le faible halo lumineux pourtant suffisant à refléter les lignes blanches de signalisation. 25km/h semble être une vitesse "convenable" dans une nuit nuageuse...
45mn plus tard nous sommes chez Pierre devant un café bien chaud avant de rejoindre Audruicq puis Ruminghem et Watten. Le vent portant rend la route très agréable. Pour une première, Pierre trouve cela "Génial !.. C'est vraiment quelque chose à faire que de rouler de nuit ! Celui qui n'a pas essayé devrait s'y mettre, c'est super !" lance Pierrot. Très peu de voitures viennent perturber la quiétude du moment, et quand il y en a, c'est toujours avec prudence qu'elles nous dépassent. Dans les villages, on sent bien que les boulangers sont au travail et cette odeur, un peu comme la madeleine de Proust, nous ramène inéluctablement à l'enfance calaisienne quand "... on sentait l'usine de l'Alsacienne..."
Nous pousuivons à bonne allure notre progression vers St Omer puis Arques. La côte à la sortie de la ville offre à Pierre l'occasion de faire un gros effort pour nous attendre là haut. Attention ! Sur Bordeaux-Paris ce style de dépense énergétique peut se payer plus tard !
La route Arques-Hazebroucq est un véritable "billard" sur lequel, vent aidant, les compteurs s'affolent et atteignent souvent les 35-40 km/h sans donner trop... C'est le secret, rouler sans donner !... Pas facile mais indispensable sur les longues distances.
Bailleul s'offre à notre coup de pédale léger vers 5h45 du matin. Pas de doute, on a bien roulé... Sur la grande Place on pose et Kiki s'offrirait bien une "volée de frites" mais la "caravane à frites" est encore fermée !
Nieppe et Armentières sont avalés et, aux portes de Lille le rythme est ralenti. Il faut trouver le bon chemin et surtout digérer tous les feux tricolores qui mènent à l'hôtel de ville...
Un peu avant 7h nous faisons valider nos "cartes de route" au PC de l'URFA LIlle... Alain et Linda, nos amis belges, ont fait le déplacement pour venir nous saluer. Nous apprécions beaucoup ce geste de solidarité entre cycliste et forcément, nous avons une pensé pour notre ami Michel qui est resté à Toulouse.
Nous décidons d'aller prendre ensemble un bon petit déjeuner réparateur... Hélas ! Rien n'est ouvert !... Nous faisons ensemble quelques kilomètres sur le circuit de Lille-Calais mais rien ! Pas un bistrot d'où se dégagerait une odeur de café chaud ! En désespoir de cause une boulangerie à Hallenes les Haubourdin nous permettra de ravitailler à minima. Nous saluons Alain et Linda à regret et poursuivons notre progression.
Comme prévu, le vent est "désagréable"... Un groupe de cycliste de Maubeuge nous rejoint, nous prenons la roue. Un peu plus loin, nous décidons de lâcher prise : d'une part leur rythme est trop élevé pour nous et d'autres part l'état des routes empruntées est dangereux (Boue, graviers, nids de poule etc...).
Un peu avant Merris (premier ravitaillement) nous faisons une halte dans un café campagnard très accueillant pour s'enfiler un grand noir qui nous fait le plus grand bien.
Jusqu'à Watten nous poursuivons sagement, en gestionnaire, notre progression... La faim se fait sentir et le ravitaillement est bienvenu. Le temps d'avaler deux gaufrettes à la vergeoise et un Coca, de faire le plein du bidon et nous voilà reparti !
Le vent freine toujours nos ardeurs... Personnellement j'ai l'impression qu'il souffle de plus en plus fort. Il faut dire aussi qu'on aborde la dernière partie du circuit, la plus difficile en terme de dénivelé. Peu à peu la route s'élève... Bizarrement, mes forces me quittent... Je suis obligé de faire quelques arrêts pour récupérer... Je me traîne maintenant lamentablement, quasiment au même endroit que l'année dernière : "C'est psychologique !" me lance Pierre... Non, c'est physique plus simplement je fais une "fringale" alors qu'on sort du ravitaillement ! Me revient alors en mémoire des choses lues sur les revues que m'avait filé Jean-Yves... Je n'en connais plus l'exact contenu mais je me souviens vaguement que trop de sucres rapides absorbés pouvaient provoquer quelque chose de désagréable. J'ai bu assez... Mais peut-être pas assez de produit à base de sels minéraux (style Vichy, Perrier ou Badoit)...
La quarantaine de kilomètres qui séparent Watten d'Hermelinghem est donc un enfer physique pour moi et probablement un enfer psychique pour mes deux camarades de route qui sont obligés d'attendre péniblement ma faible progression.
Néanmoins, ayant vécu la même chose sur mon premier Bordeaux-Paris, je sais qu'à un moment des forces suffisantes viendront de nouveau m'habiter pour en finir avec plus de vigueur. Au ravito d'Hermelinghem le court arrêt me fera du bien... Petit à petit je retrouve des forces... Elles suffiront pour en terminer avec ce maudit parcours cherchant toujours à ralentir la progression du cycliste... Au pied du Cran d'Escalles je sais qu'il me reste cinq ou six minutes à souffrir... En haut la vue est magnifique ! Le soleil est revenu et surtout, c'est "vent de dos" que nous allons regagner la plage de Calais où nous attend Noël Forestier notre suiveur sur Bordeaux-Paris ! Encore un geste de sympathie qui nous marque beaucoup ! Merci Nono !
On dévale "Latham" plus vite qu'en voiture ! Pierre est à 75km/h au compteur quand il me voit passer "en boulet de canon" (je suis à plus de 80 km/h !).
à Sangatte nous pouvons commencer à savourer cette journée "d'enfer"... Sur la plage de Calais nous sommes parmi les derniers arrivants... Qu'importe ! Nono est là pour nous applaudir... Vraiment sympa !
On raconte brièvement notre journée de 286 kilomètres avant un bon casse-croûte et une bonne bière ! Nord Littoral est là pour notre "interview" et petite photo... Des bons souvenirs oui... mais déjà une journée de "Forçats de la route"... C'est dire ce qui nous attend dans quinze jours !... Désormais place à la récupération, d'ailleurs, je décide d'annuler sagement la grosse sortie que nous avions prévue le 4 juin... Il faut se requinquer avant notre "Trilogie des Forçats de la route"...
Maintenant c'est à vous !... Laissez vos commentaires, réflexions ou suggestions...
Quelques photos :
2h45 : un petit café chez Pierre
5h45 : sur la Grand'Place à Bailleul
Avec Alain et Linda... et deux "hurluberlus" en goguette !
Malgré les sourires... la route est longue...